Menu
Libération
Interview

«Ben Laden pourrait être à la frontière»

Article réservé aux abonnés
Terrorisme. Où se trouve le suspect numéro 1 ? Le politologue Olivier Roy répond:
publié le 22 septembre 2001 à 0h53

Spécialiste de l'Islam politique et de l'Asie centrale, directeur de recherches au CNRS, le politologue Olivier Roy, 52 ans, analyse l'éventualité d'un départ de Oussama ben Laden d'Afghanistan et de son implication dans les attentats antiaméricains.

Un journal pakistanais a annoncé hier qu'Oussama ben Laden avait quitté l'Afghanistan. Cette information est-elle crédible?

L'important, c'est que les taliban font courir ce bruit pour rendre sans objet une attaque américaine. Sur le plan concret, le seul endroit par lequel on puisse quitter l'Afghanistan est le Pakistan et on voit mal le général Musharraf fermer les yeux sur la présence de Ben Laden. Il peut en fait se trouver dans les zones tribales situées sur la zone frontalière, en des lieux où on ne sait même pas si on est en Afghanistan ou au Pakistan... Comme on n'imagine pas qu'il soit parti par avion ou par bateau ou qu'il aille au bout du monde, Ben Laden peut être soit dans ces zones, soit au Turkménistan, un pays qui pour n'être pas islamique, a toujours eu une bonne relation avec les taliban. Mais s'il devait s'y trouver, c'est à l'insu des autorités turkmènes.

Le déplacement de Ben Laden peut-il passer inaperçu?

Je crois qu'actuellement ses hommes se dispersent, et leur habitude de la guérilla leur permet de le faire facilement. Ils multiplient aussi les fausses pistes car même si Ben Laden est toujours en Afghanistan, l'important c'est de donner l'impression qu'il n'y est plus.

Est-il forcément l'instigateur des attentats de New York?

Il n'a peut-être pas forcément télécommandé et organisé lui-même l'opération, mais tout porte sa marque. Depuis les attentats contre les ambassades américaines en 1998, il tient le même discours: il encourage à frap