Gaza envoyé spécial
Pistolets et mitraillettes encombrent les banquettes. Grenades et chargeurs dégorgent des vide-poches. Un gilet pare-balles trône à l'emplacement du siège bébé. Chef d'un groupe clandestin de la résistance palestinienne, Fouad a transformé sa limousine familiale en arsenal mobile. Seule détonne, dans ce capharnaüm guerrier, une enveloppe bariolée, arrivée le jour même de Tel-Aviv. Le combattant l'a décachetée avec d'infinies précautions pour découvrir un jeu d'albums à colorier, cadeau d'un ami israélien à ses enfants. Avec émotion, le Palestinien relit la carte en hébreu qui l'accompagne. «Puissent ton fils et ta fille garder foi en l'avenir à travers ces épreuves.» Fouad esquisse un sourire fatigué. «Ce sont ces petits riens qui empêchent de basculer totalement dans la folie.» Nouveau soupir. Quelques heures auparavant, il menait un coup de main contre un poste de contrôle militaire, à l'entrée de la colonie juive de Kfar Darom, au centre de la bande de Gaza. Explosion, rafales. Bilan: cinq jeunes soldats blessés. Et un sérieux accroc au cessez-le-feu décrété par le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat.
Réalisme et fidélité. Pour autant, les militants des groupes armés ne rejettent pas la trêve. Incidents et échanges de tirs ont drastiquement décru depuis l'appel au calme du vieux dirigeant nationaliste. Au sein même du groupe de Fouad, deux activistes auraient refusé de prendre part à l'attaque sur la position israélienne. «Nous avons inté