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Libération

«Nos manières de penser vont changer».

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Terrorisme. Jerry Rubenstein, psychiatre, professeur à l'université de Rochester:
publié le 24 septembre 2001 à 0h54

Professeur de psychiatrie à l'université de Rochester, près de New York, Jerry Rubenstein est spécialiste des traumatismes et étudie les effets de la violence sur les victimes et les criminels.

Peut-on parler d'un traumatisme national?

Sans le moindre doute. Plus rien ne sera comme avant, au niveau individuel comme au niveau national. Symboliquement, les Américains en tant que pays se sont sentis envahis. Cette invasion sans précédent dans la psychè et l'histoire américaines a été démultipliée par la télévision. L'assassinat de Kennedy, pour les gens, c'est une image. Cette fois-ci, nous avons enregistré des centaines d'images, indélébiles. Les gens ont été rivés pendant des heures à leurs télés. La multiplication des images a augmenté le traumatisme. Elles seront vécues comme une intrusion.

Comment réagir à ce choc?

Il faut parler, parler beaucoup. Que les émotions sortent. C'est bien d'avoir vu sur les télés nos leaders pleurer: le Président, Dan Rather (le présentateur vedette du journal du soir de CBS, ndlr), le gouverneur de l'Etat de New York... C'est normal et c'est bien qu'ils montrent leurs émotions. Qu'ils servent de modèles. L'émotion était trop forte. Je conseille aussi de se distraire, de sortir, de respirer profondément, de se toucher, de recommencer à travailler normalement. C'est bien de se dire: maintenant, j'en ai marre de regarder la télé. Mais, à la différence d'autres événements majeurs comme la Seconde Guerre mondiale, je ne vois pas de «fin», de «fermeture». Pour la guerre, il y a eu un traité de paix qui permet de laiss