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Libération

«Cette révolte nous a ouvert les yeux»

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Cette année a radicalisé le discours de beaucoup d'Israéliens.
publié le 28 septembre 2001 à 0h57

Beer Sheva, Jaffa, Tel Aviv, Jérusalem envoyée spéciale

Avant le déclenchement de l'Intifada, Israël était profondément divisé: entre laïcs et religieux, ashkénazes et séfarades, nouveaux et anciens immigrants, juifs et arabes. Mais le pays ne s'en inquiétait pas, ou si peu. Il était concentré sur un seul objectif: la paix. Une grande partie des Israéliens y croyait: celle qui avait applaudi aux accords d'Oslo et pleuré l'assassinat de Rabin, celle qui avait porté Barak au pouvoir pour effacer les années Netanyahou et mener à son terme le processus engagé avec les Pa lestiniens. A la veille du 28 septembre 2000, la gauche israélienne n'imaginait pas que les Palestiniens accumulaient tant de rancoeurs et de frustrations. L'autre partie du pays rongeait son frein, écrasée par l'euphorie ambiante. Certains de ses représentants se laissaient aller à comparer les Arabes à des «serpents», mais n'étaient guère pris au sérieux.

Un an plus tard, alors que la guerre s'est substituée à la paix, tout s'est inversé. Le pays paraît uni, mais certaines de ses fractures internes commencent à lui faire très mal, et d'abord celle qui divise juifs et Arabes. La gauche n'est plus triomphante mais désespérée, fondue dans la masse de la droite qui, au fond, n'est pas mécontente du retournement de situation.

«Trop de concessions». Dans son cabinet médical de Beer Sheva, aux portes du désert du Neguev, Roland balaie l'air de sa main: «L'Intifada nous a ouvert les yeux. Avant, on ne savait pas ce qu'il