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Libération

l'intifada coupée de sa base

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publié le 28 septembre 2001 à 0h57

Gaza envoyé spécial

Sous les arcades du souk aux bijoutiers, adossées à l'antique mosquée de Gaza, les ruelles autrefois encombrées restent désespérément vides. Un couple, le regard gêné, pousse la porte d'une échoppe. Contre son coeur, la femme serre une étole qu'elle dénoue sur une table. Ses parures. De l'or lourd. Souvenir de mariage conservé en épargne. A regret, le mari entame un laborieux marchandage. Nahid Falah Il Hadad a une réputation d'homme aisé, de négociant redoutable. Cette affaire, pourtant, il ne la fera pas. L'époux insiste, flaire de la ruse dans ce refus. Mais le joaillier est lui même à court de liquidités. Ses transactions sont au point mort.

Les temps sont durs et ne ménagent personne. Plus de réserves pour des familles palestiniennes éreintées par une année de bouclage des territoires autonomes. L'arme économique a des effets dévas- tateurs. D'une rigueur implacable, le siège israélien dépasse en efficacité tous les raids aériens. Exsangue, otage d'un bras de fer qui souvent lui échappe, la population de Gaza vit désormais l'Intifa- da comme un fardeau chaque jour plus pesant à porter.

«Dépossédés». «Les gens fatiguent, ils sont usés, analyse ce jeune Palestinien, directeur d'un programme d'assistance des Nations Unies. Ils se sentent dépossédés de leur révolte. A l'exception des familles qui vivent en lisière des zones de contact, sous la pression quotidienne du feu israélien, la grande majorité de la population de Gaza ne soutient plus l'Intifada qu'e