Rafah envoyé spécial
Rafah est un cul-de-sac. Ville égarée au milieu du désert, à l'extrême sud de la bande de Gaza. Ses rues ne mènent nulle part, qui butent inévitablement sur la ligne de démarcation. Frontière aux relents de guerre froide, un chemin de ronde court sur des kilomètres, ruban de sable bordé de hauts grillages, semé de miradors que protègent des casemates en béton. A un jet de pierre, l'Egypte, pourtant inaccessible. Les soldats d'Israël contrôlent chaque mouvement, interdisent tout passage. Depuis un an, sur ce front éloigné, se livre l'une des plus rudes batailles de l'Intifada. Un bras de fer sans répit dont l'enjeu est le contrôle des filières d'approvisionnement en armes. Après l'agriculture, Rafah survit de contrebande. De tout temps, les grandes familles bédouines en ont fait leur commerce. Avec le bouclage des territoires autonomes, elles ont mis ces précieuses compétences au service de la résistance et défendent farouchement cette franchise, source de prestige comme de revenus. Les ordres de Yasser Arafat prennent ici la forme de recommandations. Le président de l'Autorité palestinienne y conserve son crédit tant qu'il sait reconnaître les limites de son pouvoir.
Avant-poste sapé. Alors même que, sur l'aéroport de Rafah, le vieux dirigeant nationaliste rencontrait mardi le ministre israélien des Affaires étrangères, pour convenir des modalités d'un cessez-le-feu général, l'écho des combats le long de la frontière jetait un léger voile sur la réunion. D