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Libération
Interview

«La presse, porte-parole de l'armée»

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publié le 1er octobre 2001 à 1h08

Yaron Ezrahi est professeur de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem. Il est l'un des piliers de la revue le 7e oeil, outil de décryptage et de critique des médias, publié tous les deux mois par l'Israel Democracy Institute, un institut indépendant. Yaron Ezrahi juge très sévèrement la façon dont les médias israéliens ont couvert un an d'Intifada palestinienne.

Comment les médias israéliens ont-ils couvert l'Intifada?

A l'exception du quotidien Haaretz, qui a publié de vraies enquêtes, les médias se sont comportés comme les porte-parole des services de sécurité israéliens. Ils ont été, pour la plupart, animés par un sentiment patriotique, incapables de développer un esprit critique sérieux et d'offrir aux Israéliens une autre vision de la réalité que celle fournie par l'armée et les politiques. Je ne retiendrai qu'un seul exemple: ces porte-parole d'Israël que sont Ariel Sharon, Premier ministre, et Benyamin ben Eliezer, ministre de la Défense, qualifient chaque action palestinienne de «terroriste». Celui qui jette une grenade sur un poste militaire de Netzarim (à Gaza), en territoire occupé, est qualifié de la même façon que celui qui se fait sauter dans une pizzeria de Jérusalem-Ouest ou encore celui qui précipite un avion de ligne sur une tour de New York. Vous croyez que les journalistes israéliens font la distinction? Pas du tout. Ils reprennent mot pour mot les termes utilisés par les porte-parole militaires. Certes, en s'en prenant à des civils, les