Le sous-marin nucléaire russe Koursk gît encore au fond de la mer, mais Rosliakovo, la ville-usine où il sera placé en cale sèche, a déjà peur. Les premiers immeubles d'habitation ne sont situés qu'à quelques centaines de mètres de l'endroit où le submersible, avec ses deux réacteurs, ses missiles et ses torpilles, restera plusieurs mois avant son dernier voyage vers l'usine de démantèlement. Le coeur du gros bourg arctique, qui ressemble à un Sarcelles-sur-Mer, avec ses tristes barres en béton de quatre étages, n'est qu'à un peu plus d'un kilomètre à vol d'oiseau. «Nous nous sentons otages», affirme un habitant évidemment anonyme. Rosliakovo, 10 000 âmes, est une ville fermée, où l'on n'accède normalement qu'avec une autorisation de l'armée, si comme partout en Russie le billet vert n'était un sésame.
Population dense. Bien que l'opération de renflouage du sous-marin qui a sombré l'an dernier en mer de Barents avec ses 118 hommes d'équipage, prévue à l'origine le 15 septembre, tarde en raison du mauvais temps, des navires de guerre se sont déjà positionnés autour des deux cales sèches du bourg. Ce dernier, qui abrite l'usine de réparation des bâtiments de la Flotte du Nord, a été choisi pour accueillir le Koursk parce qu'il se trouve plus près du lieu de la catastrophe que l'usine de démantèlement où aboutissent en temps normaux les sous-marins désarmés. Peu importe qu'il se trouve dans une zone de population très dense, entre la ville de Mourmansk et l'état