Hébron envoyée spéciale
Sur la chaussée déserte, une paire de sandales en plastique a été abandonnée par son propriétaire. Débordant de colère, un Palestinien la désigne: «Est-ce que ce sont les chaussures d'un sniper?» L'homme qui a laissé ses souliers a été tué dans la nuit par un tir israélien. Séché par le soleil, son sang fait de larges taches sur le trottoir, là où le corps a été traîné par des voisins. «Il habitait à quelques dizaines de mètres, explique un Palestinien. Lorsqu'il a entendu le bruit du missile, il s'est précipité pour voir s'il pouvait secourir les blessés. Il avait encore ses claquettes au pied. Il a été cueilli par une rafale d'arme automatique.»
Impacts. Il était moins de 4 heures du matin, vendredi, quand une quarantaine de chars et de véhicules d'infanterie israéliens se sont emparés de la colline d'Abou Sneineh, dans la zone palestinienne de Hébron, d'où sont partis mercredi des tirs vers l'enclave juive d'Abraham Avinou, au fond de la vallée. Pour y accéder, les blindés ont emprunté la rue principale de Wadi al-Ariya, qui jouxte Abou Sneineh. La chaussée de cet autre quartier palestinien garde la trace des roues et des chenilles. «Tout en roulant, ils tiraient sur les côtés, en direction de nos maisons», raconte un témoin en désignant les impacts de balles.
«C'est un chien!» De toute évidence, les blindés ont servi de leurres. Les tireurs palestiniens, retranchés à Abou Sneineh, n'ont pas vu, à 4 h 30, l'hélicoptère Apache qui approchait et qui a t