Paradoxe: les Nations unies et son secrétaire général, Kofi Annan, récoltent le prix Nobel de la Paix pour «leur travail en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique», alors que leur bilan est pour le moins sombre. Fiasco en Somalie en 1993, génocide au Rwanda en 1994, massacre de Srebrenica en 1995 perpétré dans une «zone de sécurité des Nations unies», prises d'otages de centaines de Casques bleus en Sierra Leone en 2000 par des rebelles qu'ils étaient censés neutraliser... En regard, les succès sont rares: Timor oriental, Cambodge, Mozambique. Et, sans la décision américaine de payer une partie de ses arriérés pour obtenir du Conseil de sécurité qu'il cautionne les représailles en cours contre l'Afghanistan, les Nations unies seraient aujourd'hui en quasi-faillite.
Pourtant, l'ONU est plus que jamais irremplaçable. C'est, du reste, le sens très politique de l'attribution du Nobel à l'organisation et à Kofi Annan, d'autant qu'il s'agit du prix du centenaire du comité Nobel.
Encouragement
Unique forum d'une société dans laquelle 2 milliards d'êtres humains vivent avec moins de 2 dollars par jour, l'ONU est l'un des ultimes lieux de négociation du système international. En réalité, le comité norvégien du Nobel a attribué son prix comme on jette une bouée à un naufragé, dont la folle ambition avait été de croire qu'il pouvait «préserver les générations futures du fléau de la guerre» (préambule de la charte des Nations unies). Dans un univers marqué par les guerres, la m