Buenos Aires correspondance
Près de 25 millions d'Argentins se rendront aux urnes dimanche pour renouveler la moitié de leurs députés et la totalité de leurs sénateurs dans un contexte de profonde crise économique et un climat oscillant entre déprime et colère. Selon les sondages, ces élections législatives devraient se solder par un double vote-sanction: l'un contre le gouvernement du président Fernando de la Rua, l'autre envers la classe politique traditionnelle, accusée de malhonnêteté.
Coupes franches. Portée au pouvoir sans enthousiasme lors de la présidentielle de 1999, l'Alliance coalition entre le Parti radical et les progressistes du Frepaso s'est vite essoufflée. Elle promettait un retour à l'éthique mais a été éclaboussée d'entrée par un scandale de corruption au Sénat. Elle annonçait davantage de justice sociale, mais n'a offert que des coupes franches dans les budgets de l'Education ou de la Santé. Aveu de désarroi, l'Alliance a même rappelé aux affaires Domingo Cavallo, ex-ministre de l'Economie du président Carlos Menem, symbole du néolibéralisme pur et dur. Ce qui a provoqué le départ des principales figures de son aile gauche, dont le vice-président Carlos «Chacho» Alvarez.
Prisonnier de la récession, le gouvernement joue les équilibristes pour honorer les engagements de sa dette extérieure et juguler le mécontentement social. En vain: le chômage officiel atteint 17 %, les salaires ont été amputés de 15 % et un Argentin sur trois vit sous le seuil de la pau