Berlin de notre correspondante
Cet après-midi à Berlin, durant cette campagne électorale, on rejoue la guerre froide. Gregor Gysi, candidat du PDS (Parti du socialisme démocratique, héritier du Parti communiste de RDA) aux élections de ce dimanche au Sénat, le Parlement de la capitale allemande, a osé venir discourir à Steglitz, quartier petit-bourgeois de l'Ouest. «Nous devons apprendre à aller les uns vers les autres», commence-t-il, lorsqu'un oeuf vient s'écraser sur son imperméable. Deux pancartes surgissent de la foule: «Gysi avec Milosevic: en prison!» Un type déguisé en bagnard, une énorme paire de menottes accrochée à un poignet, hurle combien de «crimes» la RDA a commis. Imperturbable, le candidat néo-communiste s'essuie et poursuit: «La normalité politique dans cette ville, ce serait d'accepter le PDS.»
Sondages. Presque douze ans après la chute du Mur, cette campagne a encore montré combien, politiquement, Berlin reste divisé. A l'Est, le PDS demeure le plus fort avec 36 % des intentions de vote selon les derniers sondages. A l'Ouest, il est le plus faible, avec 5 %. Pour la première fois depuis la réunification, les sociaux-démocrates, grands favoris de ces élections, n'excluent plus de gouverner avec le PDS à Berlin, comme ils le font déjà dans d'autres villes ou régions. Sous la houlette de Gysi, ces «socialistes démocratiques» sont en effet devenus très pragmatiques, concédant même la nécessité d'économies budgétaires pour sortir Berlin de sa grave crise financi