Madrid de notre correspondant
«Les crétins et les scélérats qui mettent en doute mon état de santé mentent comme ils respirent.» Début septembre, au moment d'annoncer qu'il briguait un quatrième mandat à la tête de la région de Galice (nord-ouest de l'Espagne), c'est ainsi que Manuel Fraga Iribarne a mis fin aux rumeurs sur un supposé cancer en remettant, «pour preuve», un certificat médical à la commission électorale. Si une chose exaspère Manuel Fraga (79 ans dans un mois), c'est que l'on puisse mettre en doute sa longévité physique. Durant cette campagne, on l'a vu accompagner des pêcheurs dans la tempête, partir à la chasse au chevreuil, sillonner le Venezuela et le Mexique, où vivent de nombreux électeurs galiciens émigrés.
Changer de peau. Favori aux élections qui renouvelaient hier le parlement galicien, Manuel Fraga est le dernier survivant de la dictature franquiste. Entré comme haut fonctionnaire au ministère de la Culture en 1951, il n'a jamais, depuis, quitté les arcanes du pouvoir, quitte à changer de peau pour s'adapter aux grandes mutations. En un demi-siècle de carrière, il fut successivement le plus jeune ministre du général Franco, un des auteurs de la Constitution et l'artisan de la refondation démocratique de la droite espagnole. En 1989, renonçant à un destin national, il se réfugie dans sa Galice natale. Depuis lors, il a remporté haut la main les trois scrutins régionaux sous les couleurs du Parti populaire (PP), qu'il a créé et qui gouverne à Madrid dep