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Libération

«Epouses» de guerre en Sierra Leone

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Le calvaire des filles enlevées par les rebelles pour servir d'esclaves sexuelles.
publié le 24 octobre 2001 à 1h21

Makeni envoyée spéciale

Elle a le visage poupin, un foulard noué sur les cheveux, un pagne décoloré autour de son ventre rond. Aminata a 15 ans, neuf mois de grossesse et une vie de femme de soldat derrière elle. A 12 ans, comme des centaines d'autres en dix ans de guerre civile en Sierra Leone, elle a été enlevée par les rebelles du RUF (le Front révolutionnaire uni, en anglais) qui ont pris les armes contre le pouvoir central en 1991. Pour le repos des guerriers, et aussi pour leur popote, la rébellion pratique alors le recrutement d'«épouses». Emmenée de force avec sa grande soeur dans le bush (maquis) après l'attaque de leur village, Aminata y a passé trois ans. Elle a eu deux hommes. Le premier est mort au combat. Le deuxième l'a abandonnée quand il a su qu'elle était enceinte. «Il a dit que l'enfant n'est pas de lui, murmure la jeune fille en regardant la paume de ses mains. Pourquoi il m'a laissée? Je ne comprends pas. Qui va s'occuper du bébé maintenant?»

Selon l'estimation la plus basse de l'Unicef, 5 400 enfants de moins de 18 ans ont été enrôlés contre leur gré par les différentes factions (rebelles, ex-soldats factieux, milices civiles) depuis le début de la guerre. Les garçons servaient de porteurs ou de gardes du corps, armes à la main. Les filles, elles, devenaient les «esclaves sexuelles» des combattants. «Leur vie dans le bush commence toujours par un viol, parfois devant tout le monde, explique Roisin de Burca, responsable du bureau de l'Unicef. Des filles pa