«Doucement, un par un, ils ont lâché prise et coulé», raconte Musa. Cet Irakien de 41 ans est l'un des 44 rescapés du naufrage dans lequel ont péri plus de 350 candidats à l'exil, vendredi au large de Java (Indonésie). Victimes de la rapacité de passeurs, ils cherchaient à gagner l'Australie. Les rescapés (42 Irakiens, 1 Afghan et 1 Iranien) ont raconté leur départ dans l'angoisse, jeudi de Lampung (île de Sumatra), puis, quelques heures après, la lente montée de l'eau en pleine nuit, la pompe qui cale, le bateau qui gîte, se disloque, coule en dix minutes, et enfin la ruée frénétique sur tout ce qui flotte encore.
Selon Musa, le bateau en bois (une embarcation de pêche de 18 mètres de long et 3 mètres de large) ne pouvait pas contenir plus de 150 personnes, alors que les passeurs l'avaient décrit comme pouvant transporter plus de 400 passagers. A bord, s'étaient entassés environ 150 femmes et autant d'enfants. «Nous ne pouvions pas faire machine arrière, car, si nous revenions, les passeurs ne nous auraient pas rendu l'argent. Et nous n'avions plus d'argent», dit-il. Musa a passé vingt heures, accroché à une pièce de bois au milieu des vagues, avec treize compagnons qu'il a vu disparaître. Amal Hasan, une Irakienne de 47 ans, et son fils Amjid, 19 ans, disent avoir payé au total 2100 dollars pour ce voyage vers l'Australie.
Cargaison humaine. «C'est horrible. Un enfant de 8 ans a été le seul survivant d'une famille de vingt et une personnes», a expliqué Richard Danziger, resp