Washington de notre correspondant
Phil Gordon, expert de la Brookings Institution, à Washington, estime qu'il est temps que les Etats-Unis et l'Europe joignent leurs forces pour agir sur la situation au Proche-Orient.
Ariel Sharon défie ouvertement les Etats-Unis. Que cherche-t-il à faire?
Il cherche à gagner une guerre d'usure, à épuiser le camp palestinien. Les Israéliens misent sur le fait que les Palestiniens n'ont jamais réussi à tenir plus d'un an ou deux de guerre. Ariel Sharon est, par ailleurs, déterminé à ne pas subir le sort de Yitzhak Shamir en 1991 (après la guerre du Golfe, le secrétaire d'Etat américain James Baker avait contraint Shamir à ouvrir le dialogue avec les Palestiniens, ndlr). Il ne veut pas payer le prix de cette nouvelle guerre.
N'est-il pas en train de jouer sciemment au bord du gouffre, dans l'intention de «forcer» la solidarité de Washington?
Si c'est le cas, c'est un jeu risqué. Il ne peut pas trop franchir la ligne rouge. Il sait qu'il ne peut se permettre un isolement diplomatique. Certes, les Etats-Unis ne tourneront jamais le dos à Israël, et je ne crois même pas qu'ils puissent menacer de couper leur aide financière. Mais Washington a montré ces jours derniers qu'il pouvait aller très loin dans la critique et les pressions. La guerre contre le terrorisme est d'une importance telle que les Etats-Unis sont prêts, pour la gagner, à modifier leur politique étrangère, y compris au Proche-Orient.
Bush fait-il tout ce qu'il faut?
Depuis son arrivée, il