Taï-Peï envoyé spécial
Après Shanghai, Strasbourg: à quelques jours d'intervalle, Taiwan vient de recevoir deux rappels douloureux de la faiblesse de son statut dans le monde actuel, fragilisé par l'émergence de la puissance politique et économique chinoise. Le week-end dernier, Taiwan a boycotté le sommet Asie-Pacifique (APEC) de Shanghai, faute d'accord avec la présidence chinoise sur le niveau de sa représentation. Cette semaine, c'est la France qui refuse un visa au président taïwanais Chen Shui-bian pour se rendre à Strasbourg afin de recevoir un prix décerné par un groupe politique du parlement européen.
Le prix, attribué par l'Internationale libérale (IL) au président démocratiquement élu de Taiwan, pour son action en faveur de la liberté, s'est transformé en «patate chaude» parmi les Européens. Le Danemark, qui devait d'abord accueillir la cérémonie, s'est désisté, laissant la France, où se trouve le siège du parlement européen, en première ligne. Or Paris n'a aucunement l'intention de se payer une nouvelle crise avec Pékin (après celles des ventes de Mirage, puis d'un satellite à Taiwan) en laissant passer le président taïwanais, bête noire du régime chinois. Celui-ci ne l'a d'ailleurs pas formellement demandé. La France recevra, en revanche, l'épouse de Chen Shui-bian, une militante des droits de l'homme handicapée à la suite d'un attentat politique, à condition qu'elle reparte aussitôt après la remise du prix sans passer par Paris et sans parler à la presse... Des c