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Libération

La Suisse se réveille en plein marasme

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L'image de «pays sûr» écornée par la série de catastrophes.
publié le 31 octobre 2001 à 1h26

Genève de notre correspondant

Le constat est unanime : depuis le 11 septembre, la Suisse n'est plus la même. Les patients le disent à leur psy et Rui Nogiera, le patron de la cinémathèque genevoise se lamente de la désaffection du public. Pourquoi vouloir encore de la fiction, lorsque celle-ci est en train d'envahir votre vie? Dans l'un des pays les plus sûrs et les plus prévisibles du monde, les catastrophes se suivent désormais: d'abord, le tireur fou de Zoug qui, en pleine Helvétie bucolique, tue au fusil-mitrailleur une quinzaine d'élus locaux. Pas encore remis du choc, les Suisses ont assisté, médusés, à l'image des avions Swissair cloués au sol, faute d'argent pour acheter du carburant dans le pays même des banques! Et pour culminer, il y a eu la collision dans le Gothard, ses onze victimes et la perspective d'un chaos routier européen.

Les yeux cernés, les traits tirés par cette série noire, le président de la Confédération, Moritz Leuenberger, a évoqué «le troisième drame du pays en quelques jours». Sa ministre de la Santé, Ruth Dreifuss, note que l'attentat contre le World Trade Center avait fait sans doute «basculer» dans le passage à l'acte le dément de Zoug. La Suisse, havre de paix, lieu de villégiature favori pour riches Israéliens qui veulent rompre avec la tension au Proche-Orient, ne se reconnaît plus. Ce n'est pas simplement un coup de déprime. Quelque chose de plus profond est en jeu. Elle qui croyait capitaliser sur les tourments de l'histoire qui frappent