Jérusalem de notre correspondante
Il n'a peur de rien: ni d'Ariel Sharon, qu'il croise dans les couloirs de la Knesset; ni de Yasser Arafat, qu'il rencontre tous les quinze jours. Sa force, le député arabe israélien Azmi Bishara la puise dans l'énorme confiance que lui-même et beaucoup d'autres ont en lui. «Les Israéliens ont un gros problème avec moi au plan intellectuel: je ne suis ni un radical, ni un fanatique, ni un inférieur, nous disait-il il y a peu. Le chef du gouvernement israélien est même accusé d'être un criminel de guerre. Je me sens moralement bien supérieur à lui et à certains de son équipe.» Cette assurance est en train de lui coûter très cher. Elu depuis 1996 au Parlement israélien sur une liste communiste, puis nationaliste (avec son parti Balad), Azmi Bishara devrait perdre son immunité parlementaire pour délit d'opinion. Recommandée lundi par une commission de la Knesset, cette sanction, sans précédent en Israël, devrait être votée aujourd'hui par les membres du Parlement qui lui reprochent d'avoir appelé à la «résistance populaire» contre Israël au cours d'un voyage en Syrie.
Alibi. Cette sanction met aussi en lumière le fossé énorme qui est en train de se creuser entre juifs et arabes israéliens, et relance le débat sur les limites de la démocratie en Israël. Bishara se dit «lassé» de la Knesset où il ne s'est jamais senti à l'aise. «Je ne suis qu'un alibi pour les Israéliens. La présence de députés arabes (13 sur 120, ndlr) leur permet de dire: "Contrai