Menu
Libération

Grèves à mort sans fin en Turquie.

Article réservé aux abonnés
En un an, 42 détenus se sont laissés mourir de faim. Aucun compromis n¹est en vue.
publié le 9 novembre 2001 à 1h33

Istanbul

de notre correspondant

Les grèves de la faim jusqu'à la mort des détenus turcs protestant contre l'instauration d'un régime carcéral à isolement renforcé durent depuis plus d'un an. Malgré la mort depuis le 19 octobre 2000 de 74 prisonniers ou parents (dont 42 des suites du jeûne), ce mouvement désespéré s'enlise dans un bras de fer sans issue dans l'indifférence de l'opinion. Si les médias internationaux l'ont couvert en détail, la presse turque se contente de relater le point de vue du gouvernement.

Les autorités d'Ankara sont décidées à mener jusqu'au bout leur modernisation des prisons en remplaçant les grands dortoirs par des cellules de une à trois personnes dans des établissements de haute sécurité dits de «type F». Les premiers à y être transférés furent les détenus jugés les plus dangereux, dont ceux de ces groupes de l'extrême gauche armée qui ont lancé ces grèves jusqu'à la mort. «Nous n'avons que nos corps comme arme de lutte et nous préférons mourir nous-mêmes d'une façon honorable que de mourir en cellule d'isolement», explique Rasit Sari, qui a mené une grève de la faim «en solidarité» avec d'autres proches de détenus. Plus de 300 prisonniers poursuivent actuellement la grève «jusqu'à la mort». Ils étaient 816 au début.

Compromis refusé. «Au départ il y a eu un soutien populaire aux grévistes, du coup le ministre de la Justice avait accepté de retarder les transferts vers les prisons de type F. Mais les dirigeants du mouvement n'ont pas su tirer les avant