Sydney de notre correspondante
Christmas est une île. Des rochers noirs habités par une poignée d'hommes et des centaines de milliers de crabes écarlates, qui, à l'arrivée de la mousson, abandonnent les forêts et se jettent dans l'océan Indien pour s'y reproduire. Cet îlot vers lequel ont afflué des centaines de demandeurs d'asile a d'abord servi de planche de salut au Premier ministre australien, John Howard. Avant de devenir un caillou dans la chaussure de sa coalition conservatrice, moins assurée désormais de remporter les élections de ce samedi.
Peur de l'invasion. Au pouvoir depuis six ans, le Parti libéral et le Parti national plombés par un chômage en hausse et une économie en berne ont tout de suite vu le parti à tirer de l'odyssée du Tampa. Fin août, ce cargo norvégien a récupéré à son bord 400 boat people en perdition. En majorité afghans, ils réclament l'asile politique et veulent débarquer sur la terre australienne de Christmas, au large de Java. Le gouvernement de Howard sonne le clairon, envoie l'armée repousser les boat people. Les Australiens acquiescent. Beaucoup à voix basse, un peu honteux d'oublier qu'ils ont parfois suivi la même route. Ce pays d'immigration a beau être un continent grand comme quatorze fois la France, il n'en demeure pas moins une île, avec, au ventre, la peur de l'invasion, la réticence à partager ce qui souvent a été durement gagné.
Le 6 octobre, une nouvelle barcasse fait route vers Christmas Island, malgré une toute nouvelle loi qu