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Libération

Alger sous le chaos des eaux.

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Au moins 350 morts à Bab el-Oued. D'autres villes du nord sont touchées.
publié le 12 novembre 2001 à 1h35

Tout d'un coup, par-dessus les toits de tôle, s'est levée «une immense vague brune, haute comme un HLM. Elle avalait tout sur son passage, les maisons, les voitures, les gens. Quand elle a débouché sur la voie rapide vers Alger, c'est comme si la route elle-même s'était mise à couler», raconte une retraitée du quartier de Frais Vallon.

Flots lourds. Samedi matin, en Algérie, les pluies qui inondaient la ville depuis la veille se sont soudain transformées en un gigantesque torrent de boue qui s'est engouffré dans l'ancien lit du fleuve Mazagran, asséché voilà trente ans pour faire une bretelle d'accès à la capitale. «Et l'oued a repris sa place», dit un autre habitant. Dévalant les hauteurs, sur le flanc ouest d'Alger, ces flots lourds de débris, de cadavres ont déboulé en contrebas, à Oued Koriche, puis Bab el-Oued. Là, au coeur de la capitale, les lames qui montaient d'une mer folle se sont mêlées aux vagues qui venaient des collines. Plus de trottoir, plus de goudron, plus de pylône. Rien que de l'eau. En deux jours, il en est tombé autant que pour tout le mois de novembre habituellement. Hier soir, les bilans provisoires décomptaient 350 morts à Alger, paralysée, et une vingtaine dans le pays, à Oran, Cherchell, Sétif, Médéa. Mais, en même temps que les eaux, c'est la colère qui monte dans une Algérie, soulevée depuis six mois par des révoltes populaires.

«Où sont les autorités? Où sont les moyens de l'Etat? Il est 14 h 30, personne n'est venu», proteste quelqu'un à Bab el-