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Libération

Alger à l'abandon

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Nouveau bilan des pluies torrentielles: près de 600 morts.
publié le 13 novembre 2001 à 1h36

Elle est partout «jusque dans nos coeurs». Alger dans la boue, avec des pâtés de maisons comme des presqu'îles, des rues devenues fleuves, des places qui se sont faites étangs, d'où émergent ici et là les morceaux d'une gare ou d'une école. Mais tout est tellement brisé, cassé, fossilisé sous cette croûte de fange épaisse que le désastre semble s'être produit il y a très longtemps, «comme si nous vivions déjà sans le savoir dans une cité engloutie», dit un commerçant. Après les pluies torrentielles qui ont submergé samedi toute la partie ouest de la capitale, le bilan provisoire est monté hier à 550 morts et une trentaine dans le reste du pays. Dans toute cette boue où disparaît Alger, c'est la réalité d'un pays qui surgit, soulevé depuis des mois par des révoltes populaires contre les autorités.

«Notre dignité noyée». «L'Algérie dispose de moyens à même de remédier à la situation, a annoncé le ministre de l'Intérieur Zehrouni. L'Etat ne ménagera aucun effort.» A Bouzaréah, un des quartiers les plus touchés, «pour 290 familles, on nous a apporté 10 tentes, dit un des vice-présidents de l'APC (mairie), je préfère ne pas les distribuer plutôt qu'être lynché. Qu'on nous donne au moins du lait». A la municipalité de Bab el-Oued, pas un responsable n'est visible depuis le début du désastre. Miraculeusement, quelqu'un a réussi à en joindre un par téléphone. «Il n'y pas que vous», a dit la voix avant de raccrocher. Portées par le vent depuis les quartiers du centre-ville, plus aisé,