Alger envoyé spécial
Des cris, des bousculades et, finalement, des coups. C'est à l'Assemblée populaire communale (APC-mairie) de Bab-el-Oued que la colère et la tension étaient, hier, le plus palpables, alors que les autorités ont attendu trois jours pour décréter un deuil national. «On n'a droit qu'à la mort, dans ce pays.» A bout de patience, des citoyens défoncent les portes. «Je veux juste voir ma mère, elle est à l'intérieur depuis deux jours, pourquoi nous repoussent-ils, de quoi ont-ils peur ?» Mounira, comme les autres femmes, n'ira pas plus loin que le hall de la mairie. Les employés les rejettent violemment, sous l'oeil impassible des policiers. Sur le front de mer, pas un immeuble qui n'ait été dévasté samedi par les inondations.
Relogement. Par miracle, l'APC a été épargnée par les eaux. Le maire a été suspendu pour sa «défaillance à gérer la tragédie». Il est invisible depuis samedi. En voyage à Paris, dit-on, il n'a pas jugé bon d'écourter son séjour. A défaut de trouver de l'aide à la mairie, ces femmes s'y sont installées avec leurs enfants. «Notre immeuble est sinistré depuis le tremblement de terre de 1989. Il devait être démoli. Mais cela fait treize ans qu'on nous promet le relogement. Seulement cinq familles en ont bénéficié. Tous les enfants qui vivent dans cet immeuble attrapent des maladies... Allez-y, vous saurez ce qu'est l'Algérie!», dit Mounira.
L'immeuble en question est situé à quelques dizaines de mètres. Au rez-de-chaussée, Aïcha, à la lueur d'u