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Libération

Sortir les malades de l'isolement.

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Un séropositif chinois a créé un site web pour informer.
publié le 15 novembre 2001 à 1h37

Pékin de notre correspondant

«Thomas, réponds-moi, je me sens très seul, j'ai besoin d'aide...» Sur le site Internet www.aidscare.netsh.net, les messages de détresse abondent, adressés à «Thomas», le pseudonyme choisi par l'animateur de ce site, lui-même séropositif et déterminé à sortir les malades chinois de leur isolement. Dans un pays où la reconnaissance officielle de l'épidémie vient à peine d'intervenir, l'existence de sites comme celui de Thomas est exceptionnelle et vient combler un manque dramatique d'informations. Joint par téléphone à Canton, où il préfère se cacher derrière l'anonymat d'un prénom occidental, Thomas raconte qu'il a lui-même traversé ce désarroi avant de décider de se consacrer à l'information des autres.

Contaminé alors qu'il purgeait une peine de prison au Viêt-nam dans des conditions d'hygiène atroces, Thomas a voulu se suicider lorsqu'il a découvert, l'an dernier, qu'il était séropositif. Il s'est laissé dépérir jusqu'à ce que sa famille entende parler d'un médecin de Pékin spécialiste du sida. Un séjour dans son service et un accès aux multithérapies, payées au prix fort grâce aux économies familiales, lui ont permis de remonter la pente.

Espoir. Rentré à Canton et toujours sous traitement au prix de 1 000 dollars par mois, une fortune pour un Chinois, Thomas a voulu communiquer son espoir retrouvé aux autres malades. «Le gouvernement se fout de nous, dit-il. Tout ce qui l'inquiète, c'est le nombre des victimes.» Face à l'inertie officielle, il