Lipjan et Mitrovica
envoyé spécial
Côté rue, la façade du café est aveugle. Les fenêtres et la porte où, presque chaque soir, arrivent des jets de pierres, voire une rafale de Kalachnikov, ont été obstruées par de grosses planches. «Les intimidations continuent pour nous faire partir», explique Ljubica Cervenkovic, ex-directeur de lycée et président du conseil serbe de Lipjan, grosse commune de 70000 habitants à 30 km au sud de Pristina. C'est en passant par les ruelles boueuses entre les maisons basses de leur quartier ghetto, protégé jour et nuit par des soldats finlandais de la Kfor, que les derniers Serbes de la ville gagnent chaque soir la petite salle enfumée, mais chauffée et toujours éclairée grâce à un générateur, même pendant les longues coupures de courant qui restent le lot quotidien de tous les habitants du Kosovo, serbes ou albanais. «Sur ce point, nous sommes égaux. Mais c'est le seul, car nous ne pouvons pas sortir de cette prison à ciel ouvert sans risquer des agressions», assure Miodrag Mikaric, directeur de l'école installée dans une baraque proche du centre-ville, où beaucoup habitaient avant d'être expulsés de leur appartement en juin 1999.
Triste record. Depuis l'arrivée des soldats de la Kfor au Kosovo, quelque 500 Serbes ont été tués, 900 ont été enlevés et 200000 ont choisi de quitter la province. Avec 28 morts et 10 disparus, Lipjan détient un triste record. Là comme ailleurs, les violences ont considérablement diminué depuis un an. Mais la peur res