Bruxelles de notre correspondant
La France vole au secours de la Bulgarie et de la Roumanie, que la Commission européenne estime incapables d'adhérer en même temps que les dix autres pays candidats, c'est-à-dire début 2004. Lors d'un Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union, hier à Bruxelles, Hubert Védrine a fait remarquer qu'entre «faire entrer dix pays et en faire entrer douze, ce n'est pas tellement différent» et que laisser deux candidats sur le bord de la route pourrait entraîner un «contrecoup déstabilisant» et les pousser «à baisser les bras» au lieu de redoubler d'efforts. En se livrant à cet «audacieux» plaidoyer (dixit un diplomate français), Védrine semble surtout vouloir placer la Commission devant ses responsabilités. En effet, mardi dernier, lors de la publication de ses rapports annuels sur l'état des négociations d'élargissement (Libération du 14 novembre), Bruxelles a ouvertement plaidé pour un «big bang», c'est-à-dire une adhésion groupée de dix candidats sur douze, qui rompt avec la rhétorique classique selon laquelle chaque candidature est examinée selon ses mérites propres. Or, à la lecture des rapports, il est clair que la plupart des pays de l'Est sont encore loin d'être prêts à adhérer, en particulier la Pologne, et que la Commission a fait un choix politique. «Je pense qu'il y a des pays dans les dix qui ne sont pas tout à fait prêts et pour lesquels on va faire un effort particulier d'une façon ou d'une autre», a relevé Védrine. Dès