Vienne de notre correspondant
Pour l'Autriche toujours en proie aux démons de son passé, on ne pouvait rêver plus belle initiative: depuis dix ans, l'Etat autrichien subventionne le séjour à l'étranger d'une quarantaine de jeunes qui, au lieu de faire leur service militaire, offrent leurs forces (pendant quatorze mois au lieu de huit) à une institution en charge de la mémoire des victimes des crimes nazis. Certains vont en Israël comme aides-soignants dans une maison de rescapés de l'Holocauste, d'autres aux Etats-Unis, au centre Simon-Wiesenthal de Los Angeles, ou en France, à la Fondation pour la mémoire de la déportation. Or, sous couvert de «réductions budgétaires», le gouvernement de Wolfgang Schüssel (droite conservatrice alliée à l'extrême droite) a décidé de réduire de moitié l'enveloppe destinée à ces Gedenkdiener (serviteurs de la mémoire).
Image de marque. «C'est complètement aberrant», s'insurge Andreas Maislinger, qui préside une association d'objecteurs de conscience et a lancé en Autriche ce service militaire selon un modèle qui existait déjà en Allemagne. «Ces jeunes ne coûtent quasiment rien à l'Etat (ils recevaient au total 10000 euros chacun, ndlr), mais ce qu'ils rapportent à l'image de marque du pays est inestimable!»
Werner Kutil, un Viennois de 27 ans qui vient d'arriver au Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, en France, est l'une des premières victimes de cette politique d'austérité. «Même si je ne reçois rien du gouvernement, je resterai mes quator