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Libération

Du danger d'être journalistes en Amérique latine

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Ils sont souvent tués pour avoir dénoncé la corruption.
publié le 29 novembre 2001 à 1h46

L'hommage rendu hier par Reporters sans frontières aux journalistes qui ont trouvé la mort ou qui sont emprisonnés parce qu'ils exercent leur métier, trouve un écho particulier en Amérique latine. Cuba et la Colombie mis à part, la plupart des cas d'assassinats de journalistes recensés ces derniers mois par RSF sont liés à des affaires de corruption, parfois très locales.

Détournements. Un exemple parmi d'autres. Le 4 septembre au Guatemala, Jorge Mynor Alegría Armendáriz, animateur de l'émission Línea Directa, de Radio Amatique à Puerto Barrios (est), est abattu par des inconnus. Le jour même, il annonçait que l'immunité parlementaire d'un député du Front républicain guatémaltèque (au pouvoir), l'ancien maire de la ville poursuivi pour malversations, avait été levée. Et il promettait à ses auditeurs qu'il enquêterait sur ces détournements. Le journaliste avait déjà prouvé qu'il savait faire son métier. On l'a fait taire. Depuis le 1er janvier 2001, une vingtaine de journalistes guatémaltèques ont été menacés et agressés, notamment après avoir dénoncé des affaires de corruption ou des irrégularités au sein de l'administration.

Paradoxalement, on n'a jamais autant parlé de lutte anticorruption en Amérique latine. Le nouveau président du Nicaragua, le libéral Enrique Bolanos, a axé sa campagne sur la lutte contre cette activité dans laquelle excellait son prédécesseur Aleman, libéral lui aussi. L'ex-président péruvien Alberto Fujimori, en exil au Japon, est accusé par le Congrès