Oslo envoyé spécial
Les «enfants de la guerre» ont perdu leur combat. Un tribunal d'Oslo vient de débouter sept Norvégiens nés entre 1941 et 1944 de mère norvégienne et de père soldat allemand. Dans tout le pays, ils sont 9 000 à 12 000 enfants issus de ces unions. Ces sept-là, les sept premiers d'un groupe de 122, portaient plainte contre le gouvernement à cause des mauvais traitements qu'ils ont subis de l'Etat et de la société après la Libération en 1945. Chacun réclamait jusqu'à 250 000 euros d'indemnisation.
Mis au ban. «Débiles mentaux», «traîtres potentiels à la patrie», ainsi furent-ils définis après-guerre. Beaucoup furent enlevés à leur mère, envoyés dans des instituts psychiatriques, mis au ban de la société. En 1946, le ministère des Affaires sociales proposa même en vain à une délégation australienne venue chercher de la main-d'oeuvre d'embarquer en bloc ces milliers d'enfants.
Le tribunal d'Oslo a jugé qu'il y avait prescription. Les plaignants ne pourront pas demander réparation à l'Etat. Pour la cour, la Convention européenne des droits de l'homme, qu'invoquait la partie civile, n'a été ratifiée qu'en 1953, plusieurs années après la Libération. «Cette affaire est du ressort des historiens et des politiciens, non des juristes», a déclaré le juge. «Nous avons néanmoins décidé de faire appel, a expliqué l'avocate Randi Spydevold. Le juge n'a regardé que les aspects juridiques de ce dossier, pas les aspects humains.»
Vengeance. Les témoignages des sept plaignants