Islamabad envoyé spécial
Depuis la déroute des talibans, Islamabad n'est plus la capitale en vogue. IL a perdu son importance stratégique. «Le retour au pouvoir de l'Alliance du Nord isole le Pakistan et donne une nouvelle importance dans la région à l'Iran et à la Russie, qui entretiennent des relations difficiles avec Islamabad, souligne Rifaat Hussein, professeur de relations internationales à l'université Quaid Azam d'Islamabad. Il y a trois semaines, nous étions consultés sur la politique à suivre en Afghanistan. Aujourd'hui, les troupes britanniques patrouillent notre territoire à la recherche de membres d'Al-Qaeda sans nous en demander l'autorisation. C'est humiliant.»
«Contraint et forcé». La nouvelle donne à Kaboul place le président Pervez Musharraf dans une position inconfortable. Ce dernier, «certes contraint et forcé», s'était rangé du côté des Etats-Unis, expliquant à son opinion publique plutôt antiaméricaine que c'était là le meilleur moyen de défendre les intérêts nationaux. Résultat: les frappes américaines ont permis la victoire de l'Alliance du Nord, qui, n'ayant pas oublié le soutien d'Islamabad aux talibans, est entrée dans Kaboul en criant «mort au Pakistan». Néanmoins, Pervez Musharraf fait contre mauvaise fortune bon coeur. Des diplomates pakistanais ont rencontré une délégation de l'Alliance à Dubaï, et des contacts ont été noués avec le général Dostom à Mazar-i-Sharif et Ismael Khan à Herat. «Cela n'a pas été facile. Ayant joué la carte exclusive des