Johannesburg de notre correspondante
Tshepang, une fillette de neuf mois violée et sodomisée par six hommes le mois dernier, est en passe de devenir, comme le jeune sidéen Nkosi l'a été avant elle, une icône nationale en Afrique du Sud. Aucune photo d'elle n'a été publiée, mais elle incarne déjà tous les enfants victimes de viol, dans un pays où les agressions sexuelles ont battu tous les records du monde: une femme sur trois y est victime de viol. Selon les statistiques de la police, les viols de mineurs ont augmenté de 8,5 % entre 1996 et 2000, avec 21500 plaintes enregistrées l'an dernier.
Barbarie. Jamais, dans les annales de la South African Broadcasting Corporation (SABC), la radio-télévision nationale, autant d'appels n'ont afflué. Les messages se succèdent, exprimant l'indignation face à la «barbarie», et la sympathie pour les nouvelles victimes dénombrées chaque semaine. Samedi dernier, une fillette de cinq mois a été retrouvée couverte de sang par sa mère, qui l'avait laissée seule quelques instants dans un cinéma désaffecté de Joubert Park, un quartier populaire de Johannesburg. Deux hommes ont été arrêtés, alors que le nourrisson a subi une intervention chirurgicale d'urgence. Une vingtaine d'autres viols de mineurs ont été recensés à travers le pays au cours du week-end dernier.
Foule hostile. A Upington, la localité minière et déshéritée du nord-ouest du pays où le drame de Tshepang s'est déroulé, une foule hostile se presse chaque jour aux portes du tribunal depu