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Libération
Interview

«Une situation comparable à une véritable guerre»

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publié le 4 décembre 2001 à 1h50

Sheila Meintjies, professeur de science politique à l'université du Witwatersrand, à Johannesburg, a été nommée en avril dernier par le président Thabo Mbeki membre de la Commission pour l'égalité des sexes. Intéressée depuis longtemps par les violences à l'encontre des femmes, la nouvelle mission de Sheila Meintjies consiste à surveiller les progrès sur le terrain de l'égalité, mais aussi à enregistrer les plaintes du public.

Comment expliquez-vous l'émoi particulier suscité par le viol de la petite Tshepang, alors que des cas similaires s'étaient déjà produits ces dernières années?

La réaction à laquelle nous assistons traduit une sorte de saturation dans la société civile vis-à-vis des très hauts niveaux atteints par la violence contre les femmes et les enfants, quels que soient leur race, leur classe sociale et même leur sexe, puisque les garçons ne sont pas épargnés. La situation est comparable à une véritable guerre. La Banque mondiale estime qu'un tiers des femmes, dans ce pays, sont victimes de violences. Ce chiffre me paraît largement sous-estimé. Entre 30 % et 60 % des relations intimes sont marquées par la violence.

L'affaire a-t-elle ému parce que des accusés ont été arrêtés, une fois n'est pas coutume, et que l'on connaît leur nom et leur visage?

Oui, mais aussi parce que la grand-mère de la fillette a réagi et porté plainte. Toutes les réactions émanant de la société montrent un ras-le-bol. La réponse des médias a été particulièrement intéressante. Le quotidien The