A l'heure de l'attaque sur Pearl Harbor, le Japon affiche du dédain pour la «mollesse» américaine.
Et une revendication «jaune» contre le «colonialisme blanc».
Aujourd'hui, les fantômes du passé sont encore là: dans des manuels scolaires ou des «mangas» nationalistes.Zenji Abe, l'un des derniers pilotes rescapés, se souvient, lui, de l'«euphorie» qui a suivi la réussite de l'attaque. Et, désormais, de la «douleur» qui a suivi
la défaite et la fin d'un rêve impérial.
Tokyo de notre correspondant
Hiroshi Yoshida enseigne l'histoire japonaise contemporaine à la prestigieuse université nationale Hitotsubashi, près de Tokyo. Il revient sur le contexte dans lequel fut décidée l'attaque de Pearl Harbor et sur ce qu'elle continue de représenter pour le Japon.
Durant l'été 1941, l'amiral Isoroku Yamamoto décide en secret de préparer l'attaque de Pearl Harbor. Quel est son état d'esprit?
Yamamoto n'est pas un belliciste. Il connaît les Etats-Unis. Il sait qu'en cas de guerre prolongée, les chances de victoires japonaises sont infimes, voire impossibles. En attaquant Pearl Harbor par surprise, son objectif est de frapper l'Amérique sur le plan militaire, mais surtout psychologique. Tous les généraux japonais de l'époque font la même erreur: ils croient que les Américains, émoussés par le confort de leur vie quotidienne idéalisé par les films d'Hollywood, vont prendre peur et revenir à la table des négociations. La propagande japonaise, en particulier les tracts lancés au-dessus des garnisons