Belgrade envoyé spécial
C'est une grande statue de bronze avec, à son pied, gravée dans le marbre une seule phrase: «Aimons la France comme elle nous a aimés.» Au coeur de Belgrade, le monument commémore l'alliance franco-serbe de la Première Guerre mondiale, et le président Chirac, pour cette première visite d'un chef d'Etat occidental depuis le renversement de Slobodan Milosevic, ne pouvait manquer d'y venir déposer une gerbe. Accueilli par un petit carré de francophones d'un âge certain et par les représentants des associations de descendants d'anciens combattants, il a serré les mains en souriant devant les caméras de télévision. Au-delà de cet hommage aux liens de l'Histoire, le chef de l'Etat, invité par Vojislav Kostunica, le président de la RFY (république fédérale de Yougoslavie), a voulu signifier clairement que «l'avenir de la Yougoslavie est en Europe».
Parlant à l'université, Jacques Chirac a évoqué dans un long discours les nouveaux défis qu'impose «l'avènement d'un Etat démocratique» en Yougoslavie, et plus généralement dans les Balkans. «Les coupables, quelles que soient leurs origines et leurs convictions, doivent rendre compte de leurs crimes devant la justice», a souligné le président français. Il a été encore plus explicite dans ses entretiens avec Kostunica, plutôt réticent à l'égard du Tribunal pénal international de La Haye (TPI), rappelant l'obligation de cette coopération et évoquant le cas de Ratko Mladic, ex-chef militaire des Serbes de Bosnie inculp