Kaboul envoyé spécial
Nulle part ailleurs, le leader des talibans, le mollah Mohammed Omar, n'était plus haï qu'à Kaboul. «Si ce n'était pas le ramadan, je peux vous assurer que la population serait déjà descendue dans les rues pour fêter la fin du mollah Omar», explique un boutiquier en promettant que, «dans huit jours (à la fin du ramadan, ndlr), la liesse sera au rendez-vous». C'est dans la capitale afghane, la cité la plus émancipée du pays, que les talibans avaient voulu imposer la version la plus stricte de leur rigorisme fanatique. Le choc a été si grand que les Kaboulis veulent un châtiment exemplaire pour le mollah borgne, cause de tant de leurs tourments. Unanimes, les chalands du bazar ou les fidèles de la mosquée du vendredi souhaitent mille morts au vaincu. Omar doit être «cuit dans un chaudron», «démembré avec Oussama ben Laden», «lapidé» ou bien «abattu à la kalachnikov dans le grand stade de Kaboul».
«La mort». «C'est dans ce stade que les talibans procédaient à leurs supplices, exécutions et amputations des mains et des pieds des voleurs; alors, c'est dans ce même lieu qu'il doit être mis à mort», s'emporte Bismullah Haidri, ancien conseiller en économie de la présidence. Le fonctionnaire, âgé d'une cinquantaine d'années, a exercé son métier d'économiste sous le gouvernement communiste, puis sous l'autorité moudjahid, en 1992-1996, pour finir dans le gouvernement du mollah Omar. «Mais je ne suis resté qu'un an, raconte-t-il, car les talibans me traitaient comm