Moscou de notre correspondante
La Russie a accueilli dans le calme la décision de Washington, confirmée hier, de se retirer du traité ABM qu'elle savait depuis longtemps inéluctable. «Nous ne sommes pas surpris par cette décision que nous considérons néanmoins comme erronée», a déclaré, grave et compassé, le président russe, Vladimir Poutine, hier soir, dans une allocution télévisée, en maintenant toutefois sa proposition de réduction du nombre d'ogives nucléaires des deux parties à 1500-2200.
Le Premier ministre, Mikhaïl Kassianov, avait pour sa part confié du bout des lèvres que ce retrait lui donnait «un motif de contrariété», une expression bien faible après les polémiques intenses auxquelles s'étaient livrés les Etats-Unis et la Russie pendant un an sur ce dossier. Celles-ci s'étaient, il est vrai, estompées après le spectaculaire rapprochement russo-américain intervenu après les attentats du 11 septembre. Mais le désaccord était resté entier sur le traité ABM, pierre angulaire, selon Moscou, de la stabilité dans le monde.
Menace peu crédible. Soucieux de dédramatiser la situation, le chef de l'état-major russe, Anatoly Kvachnine, a souligné que le retrait américain ne posait «pas de problème militaire à la Russie» tout en relevant qu'il pourrait «délier les mains d'un certain nombre de pays» libres de se lancer «dans une nouvelle course aux armements». Mercredi, le président de la commission des affaires étrangères de la Douma, Dmitri Rogozine, avait laissé entendre que l