New York de notre correspondant
La vidéo, filmée par un combattant antitaliban, montre un homme jeune au visage émacié, les mains liées dans le dos. A ses côtés, un agent de la CIA lui pose des questions. Mais John Walker, les yeux fixes et la mâchoire fermée, ne dit rien. Imperturbable. Ces images sont les premières de celui qui deviendra aux yeux du monde le «taliban américain». La scène se passe le 25 novembre dans la forteresse de Qalae- Janghi, près de Mazar-i-Sharif. Une heure plus tard, le destin des deux hommes va changer à jamais. Pris de court par une rébellion des prisonniers talibans, Johnny Spann, l'agent de la CIA, sera la première victime américaine de la guerre en Afghanistan. Walker, lui, se réfugie pendant une semaine dans une cave, avant de se rendre et d'être découvert par un journaliste de Newsweek le 2 décembre. En quelques heures, son nom sera sur toutes les télévisions. «Un sale rat» et un «traître à la patrie» pour la presse populaire. «Un pauvre bougre qui a été trompé et a perdu son chemin», selon George W. Bush.
«Lavage de cerveau». Depuis, l'Amérique essaie de comprendre comment un garçon calme d'à peine 20 ans, issu d'une famille aisée de Californie, a pu ainsi rejoindre le régime taliban. Quand elle a reçu un coup de téléphone de Newsweek, sa mère, Marilyn Walker, n'a pas su quoi répondre, si ce n'est que son fils était parti au Pakistan quelques mois plus tôt pour «aider les plus démunis». «C'est un gentil garçon et il a dû subir un lavage de ce