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Libération

Affamés dans les geôles talibanes

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Détenus à Kandahar, ils ont survécu grâce à la Croix-Rouge.
publié le 18 décembre 2001 à 1h59

Kaboul envoyé spécial

«Les séances de torture se passaient toujours la nuit. Chaque semaine, un ou deux d'entre nous mourait sous les coups de câbles électriques avec lesquels les talibans nous fouettaient. Ils choisissaient leurs victimes parmi ceux qui disaient du mal de leur régime et du mollah Omar. Ceux que leurs espions, nombreux parmi nous, avaient dénoncés», raconte Hadji Habib Ullat. Le jour du déclenchement de l'opération américaine, les geôliers talibans ont décidé de faire un exemple: «Ils ont pris 25 prisonniers et les ont fouettés devant nous jusqu'à ce que mort s'ensuive», poursuit Ullat. «Si un jour j'attrape le mollah Omar, ajoute-t-il, je lui coupe la tête et j'en fais un trophée.» Ullat avait été fait prisonnier quatre ans plus tôt par les talibans alors qu'il combattait dans l'armée du général ouzbek Rashid Dostom près de Mazar-i-Sharif. Aujourd'hui, le voilà libre. Plusieurs centaines de détenus libérés de la grande prison de Kandahar, Sarpoza, sont arrivées, la semaine dernière à Kaboul, devant le bureau de la Croix-Rouge internationale (CICR). «Les forces du commandant (antitaliban, ndlr) Gul Agha se sont présentées devant les portes de la prison de Kandahar, où ils ont négocié avec la centaine de gardes talibans, qui ont peu après déposé leurs armes... Nous avons été libérés dans la foulée», rapporte Ullat. Celui-ci, tout comme ses compagnons d'infortune, se sont vu offrir par les hommes du commandant Gul Agha, devenu gouverneur de Kandahar, un pécule