Washington
de notre correspondant
A l'évidence, les Etats-Unis ne pourront pas parler de victoire s'ils n'attrapent pas Ben Laden, seul personnage à incarner depuis les attentats l'ennemi américain. Pour le grand public, son élimination est le principal but de la guerre. Dans le rôle du Dr Mabuse moyen-oriental, le Saoudien Ben Laden a éclipsé l'Irakien Saddam Hussein, qui apparaît aujourd'hui comme un diable de second ordre. Comme «Saddam» il y a dix ans, Oussama ben Laden est souvent désigné, dans les médias populaires, par son simple prénom, parfois même par ses initiales, «OBL». Il surpasse d'ailleurs largement son prédécesseur dans l'incarnation du Mal. Il aime à s'exhiber armé de son AK 47, en veste de camouflage. Avec sa barbe, son turban et son sourire doux, il diffuse l'exotisme angoissant d'un Fu Manchu. Il n'a pas vraiment de racines, pas vraiment de pays, pas d'objectifs rationnels, et son réseau est flou. Il est «milliardaire». Enfin, son cynisme froid n'est pas abstrait, mais tangible : le monde entier a pu en prendre conscience, jeudi, lors de la diffusion de la vidéo du «dîner à Kandahar».
Réussite mitigée. Le retour de l'Afghanistan à une vie normale, avec des cerfs-volants dans le ciel, de la musique sur les ondes et un gouvernement d'union nationale, ne suffit donc pas à Washington pour constater la réussite de la «première phase» de la campagne contre le terrorisme. Après l'effondrement des talibans à Tora Bora, aucun officiel américain ne s'est joint aux cr