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Libération

Bangkok, exutoire de la libido occidentale

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Institutionnalisée et ultradiversifiée, l'«industrie» de la prostitution exploite les Thaïlandaises dès l'âge de 15 ans.
publié le 19 décembre 2001 à 2h00

Bangkok (Thaïlande) de notre correspondant

«Fantastique. Je me sens vraiment comme chez moi.» Accoudé au comptoir du Lollipop, l'un des «Beer Bars» du quartier chaud de Nana Plaza, au centre de Bangkok, Guy, un touriste américain en vacances en Thaïlande depuis un mois, rayonne. Entouré de trois hôtesses en T-shirt moulant, il balaie l'horizon avec sa cannette de bière : des Go-Go bars sur trois étages affichant leurs enseignes- néons et résonnant de rythmes primitifs. «C'est un bon deal. Les filles sont contentes. Et je pense que les étrangers sont aussi heureux ici. Tant de filles !» A l'étage supérieur, Richard, un Français qui gère le Vixens, un Go-Go caverneux où des adolescentes en sous-vêtements se contorsionnent autour de barres inoxydables, observe, flegmatique, l'agitation en contrebas. «Exploitation ? Regardez les filles. Ont-elles l'air malheureuses ? Avez-vous déjà visité une usine textile à Bangkok ? c'est Zola», se défend-il.

«Vulnérabilité». Les touristes et les réguliers qui fréquentent le monde ultradiversifié de l'«industrie du sexe» ­ des salons de massage de vingt étages aux complexes à l'allure de palais romains ­ ne pèchent pas par excès de culpabilité. Selon eux, clients et filles y trouvent leur compte, le tout dans une atmosphère de légèreté, presque bon enfant, à des années-lumière du climat de violence sordide de Pigalle ou de Saint-Pauli (quartier chaud de Hambourg). Plutôt que de prostitution, il s'agirait d'un échange, d'une transaction presque i