Kandahar envoyé spécial
Kandahar a plié. Sous l'avalanche des bombes. Soumission à la force, consentie à regret. Pas de liesse dans les rues. Aucun débordement de joie. Souks et bazars débordent d'activité. Mais ce retour à la vie cache bien mal un immense malaise. Bien que pashtouns, les farouches guerriers des tribus alentour qui occupent désormais le fief des talibans sont loin d'être accueillis comme des libérateurs. Et moins encore leurs conseillers américains, soldats des forces spéciales que l'on aperçoit en patrouille sur les plateaux de leurs véhicules, mal déguisés dans des tenues d'inspiration locale, les canons de leurs armes pointés sur les façades. Nerveux. Le terrain est conquis, pas gagné. L'ancienne place forte des rois afghans rumine sa défaite. Le mollah Mohamed Omar lui avait restitué une part de son prestige, en faisant l'épicentre de son régime théocratique, la base de sa reconquête du pays. Fin des rêves de grandeur. La capitale spirituelle de l'émirat islamique, promise à rayonner sur l'ensemble des terres musulmanes, apparaît pour ce qu'elle fut toujours, une bourgade misérable, oasis oubliée par le temps, négligée par les hommes.
Déchiffrer Kandahar, c'est un peu mieux comprendre le mouvement taliban. Rire et gaîté en semblent bannis. Ville pieuse, austère, cité industrieuse, la bonne humeur affichée en public engendre toujours la suspicion, provoque souvent une réprimande. Activités vitales à sa prospérité, religion et commerce en organisent l'espace