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Libération
Interview

«Pas de retour à la paix sans justice»

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publié le 19 décembre 2001 à 2h00

Islamabad envoyé spécial

Secrétaire générale d'Amnesty International depuis août 2001, Irène Khan, de nationalité bangladaise, était la semaine dernière au Pakistan où elle a rencontré de nombreux réfugiés afghans, ainsi que le président pakistanais, Pervez Musharraf. Elle s'exprime sur l'avenir des droits de l'homme en Afghanistan.

Hamid Karzaï, le président désigné de l'Afghanistan, a décrété une amnistie pour tous les soldats talibans, mais en a exclu les volontaires arabes. Que pensez-vous de cette mesure ?

Des enquêtes doivent d'abord être menées pour savoir qui sont les responsables des massacres et atteintes aux droits de l'homme commis les années passées, que ce soit sous le régime des talibans ou lorsque l'Alliance du Nord était au pouvoir de 1992 à 1996. L'expérience de pays comme le Cambodge ou la Sierra Leone montre qu'il n'y a pas de retour à une paix durable si la justice n'est pas rendue d'abord. Les Afghans ne peuvent pas avoir confiance dans leur pays si les auteurs de tueries sont autorisés à retourner dans leur village sans jugement ou s'ils reviennent au pouvoir en toute impunité. Quant aux volontaires arabes et aux talibans, ils doivent être traités comme des prisonniers de guerre, dans le respect des conventions internationales.

Après vingt-deux ans de guerre, le temps n'est-il pas venu d'une réconciliation nationale en Afghanistan ?

Ce serait l'idéal, et il faut peut-être trouver un équilibre entre pardon et justice. Néanmoins, fermer les yeux sur les crime