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Libération

Un écran russe menacé d'extinction

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Le pouvoir tente de liquider la chaîne de télévision indépendante TV6.
publié le 19 décembre 2001 à 2h00

Moscou

de notre correspondante

Des plaques de linoléum qui se décollent, des moquettes élimées et des câbles qui pendent en tous sens : les locaux de TV6 n'étaient certes pas un cadre de rêve pour les journalistes transfuges de NTV, chassés de leur nid douillet par le géant gazier Gazprom, bras masqué de l'Etat, qui venait de reprendre le contrôle de la chaîne d'opposition. Mais dans le même immeuble, qui abrite toutes les télévisions russes, ces bureaux disparates inconfortablement étalés sur trois éta ges sentaient le départ d'une nouvelle aventure : transformer TV6, une télévision médiocre de divertissement, en un média d'information important.

Neuf mois plus tard, l'aventure est sur le point de s'achever. Un tribunal moscovite a confirmé le 26 novembre le jugement d'une cour de première instance ordonnant la mise en liquidation de la chaîne. Et même si une atmosphère de travail règne encore dans les locaux, TV6, qui s'est pourvue en cassation, est déjà une télé en sursis.

Liquidation. La décision de la cour est sans doute légale. Elle n'en est pas moins biaisée. Le tribunal avait statué à la demande d'un actionnaire minoritaire de la chaîne, Lukoïl Garant, le fonds de pension du géant pétrolier russe, propriétaire de 15 % des parts, qui faisait valoir que TV6 avait enregistré deux bilans annuels successifs négatifs.

La loi russe permet effectivement la liquidation de toute entreprise déficitaire pendant deux années consécutives à la demande d'un actionnaire minoritaire. Mais