Washington
de notre correspondant
Les campagnes d'opinion sont parfois couronnées de succès: après vingt ans de procédures, Wesley Cook, alias Mumia Abou Jamal, 46 ans, condamné à mort devenu icône planétaire, a peut-être échappé au destin que lui réservait la justice américaine. Un juge fédéral, William Yohn, a décidé mardi de casser sa condamnation, sans toutefois remettre en cause la culpabilité d'Abou Jamal, accusé d'avoir tué un policier il y a vingt ans. Mais il constate que son procès, en 1982, a souffert d'un vice de procédure: le président du tribunal avait mensongèrement suggéré aux jurés qu'ils devaient être unanimes pour accorder des circonstances atténuantes. Un nouveau jury devra, dans les six mois, décider si Abou Jamal mérite la mort ou la prison à vie. Maureen Faulkner, la veuve du policier assassiné, s'est déclarée «écoeurée» par la décision du juge qui, selon elle, a voulu «contenter tout le monde». Le procureur de Philadelphie a aussitôt fait appel.
Le jugement a été applaudi dans le monde entier par tous ceux qui soutiennent le condamné à mort, son cas étant devenu emblématique des combats contre la peine de mort, le racisme et la brutalité policière américaine. Les pays européens ont pris position contre son exécution; des personnalités (Danielle Mitterrand, Paul Newman, Susan Sarandon, Whoopi Goldberg, Salman Rushdie, Oliver Stone...) ont dénoncé son sort. Des groupes de rock (The Beastie Boys, Rage Against the Machine, Public Enemy) ont levé des fonds po