La politique économique de l'Argentine «n'est pas soutenable». Cette petite phrase, prononcée mardi par l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Kenneth Rogoff, en dit long: si Buenos Aires ne réduit pas encore plus ses déficits, le FMI jettera l'éponge. Et le pays, déjà à genoux, sera en faillite totale. Mais comment faire? La dette s'élève à 130 milliards de dollars et décembre est le 43e mois consécutif de récession. Faute d'argent, le gouvernement libéral ne peut financer aucune relance économique. Le FMI prône une réduction de 4,4 milliards dans le budget 2002, veut «un déficit zéro» et, surtout, des preuves de «discipline» et de «rigueur».
Le FMI a déjà infligé un camouflet au gouvernement en lui refusant, le 5 décembre, une aide de 1,26 milliard. Pas d'équilibre, pas d'argent. Le gouvernement, qui a déjà baissé le salaire des fonctionnaires de 13 % et voit chaque jour 2 000 personnes plonger dans la pauvreté, a donc proposé lundi un projet de budget en réduction de 18,8 %. Un budget dont 21 % sont déjà consacrés au remboursement de la dette... Une telle austérité risque d'aggraver la récession.
Le FMI, naguère plus conciliant avec Buenos Aires et ses dérives, revendique désormais une ligne orthodoxe avec un élève vanté jadis comme «modèle». Mais l'Argentine n'est pas la Russie, qui a pu glaner 12 milliards de dollars malgré les détournements d'argent, ni le Pakistan qui, depuis le 11 septembre, a bénéficié, avec l'aval du FMI, d'une restructuration t