Kaboul envoyée spéciale
Au premier arrivé revient la charge d'installer sur la table basse, avec tous les égards qui lui sont dus, l'ustensile le plus utile du bureau. L'été, c'est un ventilateur cabossé. L'hiver, un maigre radiateur électrique. Après, ce n'est plus qu'une question de protocole. Bien en face, sur le canapé, s'installe le chef, tandis que les autres s'amassent autour, par ordre hiérarchique décroissant. On boit un thé. Un deuxième. «Il n'y a plus de sucre.» Chacun regarde ailleurs, vers la grande armoire grise trouée d'impacts de balles. Ou vers l'horloge aux aiguilles arrêtées qu'un peintre trop empressé a badigeonnée en même temps que les murs. Quelqu'un se lève enfin et, sur une feuille de papier à en-tête, entame une note administrative réclamant pour le service l'achat de sucre et de thé. Ce sera le seul courrier officiel qui partira de la journée. Il est 9 heures au ministère des Affaires étrangères à Kaboul.
«Quel travail vouliez-vous que fasse un diplomate afghan, alors que seuls trois pays (le Pakistan, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, ndlr) reconnaissaient officiellement le régime des talibans?», demande un responsable. Dans tout le bâtiment, seules cinq personnes ont une ligne de téléphone internationale. Le ministre a essayé de bouger les choses: il a, par exemple, demandé l'Internet. Mais, même pour cela, il n'avait pas assez de pouvoir.
Bunkers et factions
Demain, le nouveau gouvernement de transition, désigné sous l'égide de l'ONU aprè