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Libération

Argentine: le choix de la faillite

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Le président par intérim, péroniste, suspend le paiement de la dette.
publié le 24 décembre 2001 à 2h03

Buenos Aires

de notre correspondant

«Ar-gen-ti-na! Ar-gen-ti-na!» Spontanément, ils se sont levés et le cri a jailli, transformant l'hémicycle en stade de foot un jour de victoire de la sélection. Peu avant 10 heures hier matin au Congrès de Buenos Aires, les élus péronistes mais aussi une partie de leurs adversaires radicaux applaudissent debout. Au terme d'une séance marathon ­ treize heures de lutte à couteaux tirés entre les deux grands partis ­, le péroniste Adolfo Rodriguez Saa, élu président par intérim quelques minutes plus tôt par les députés et les sénateurs (169 votes pour, 138 contre), venait de lâcher la phrase la plus attendue, mais aussi la plus symbolique du changement de cap de l'Argentine. Celle qui aurait peut-être évité les 29 morts des troubles de la semaine dernière si le président radical Fernando De La Rua avait osé la prononcer: «Nous allons suspendre le paiement de la dette extérieure.»

Salves. Rodriguez Saa a expliqué ensuite: «Ce n'est pas une attitude fondamentaliste. Nous allons continuer de négocier.» Mais il a ajouté aussitôt: «Jusqu'à présent, on a privilégié le paiement de la dette extérieure au détriment de la dette sociale envers nos compatriotes [...]. Les budgets de la dette seront utilisés intégralement pour créer travail et progrès social [...]. Il est plus dangereux de laisser mourir des gens de faim que de cesser de payer la dette [...]. Je crois en une Argentine sans pauvres, sans chômeurs et sans faim.»

D'autres passages du discours du