Menu
Libération
Interview

«Ni avec Bush ni avec Ben Laden»

Article réservé aux abonnés
publié le 27 décembre 2001 à 2h04

Trois intellectuels arabes débattent pour Libération de leur attitude face aux événements du 11 septembre et à la guerre d'Afghanistan, au moment où le processus de paix au Proche-Orient semble dans une impasse totale. Joseph Bahout, libanais, politologue à l'université Saint-Joseph de Beyrouth ; Abdellatif Laâbi, poète et écrivain marocain, qui passa plusieurs années en prison pour son engagement démocratique (1), et le Syrien Farouk Mardam Bey, éditeur (2) et collaborateur de la Revue d'études palestiniennes.

Comment interpréter le silence relatif des intellectuels arabes sur Oussama ben Laden et la guerre en Afghanistan ?

Abdellatif Laâbi. Il faudrait qu'on leur ait donné la parole... Les intellectuels plus ou moins islamistes (sans parler des islamistes) ont été plus sollicités que les laïcs, les humanistes, les créateurs. J'ai l'impression que notre voix ne porte pas et surtout que nous ne sommes pas crus quand nous disons que le 11 septembre est une tragédie absolue, d'abord à cause des effroyables pertes humaines, ensuite en raison de ses conséquences dramatiques dans le monde arabe, on le voit en Palestine... Quand un intellectuel occidental avance une explication du 11 septembre, il n'est pas suspecté de double discours... Il est donc temps que l'on reçoive nos voix pour ce qu'elles sont : l'expression, même minoritaire au sein de nos sociétés, d'une pensée critique radicale et du besoin d'une vraie confrontation des idées avec l'Autre, les autres.

Joseph Bahout. Dans