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Libération

Mais la croix, messieurs, la croix...

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Antisémitisme? Eh oui, chers Philistins
par Elie BARNAVI, ambassadeur d'Israël en France
publié le 29 décembre 2001 à 2h06

J'ai sous les yeux le dessin de Willem du 26 décembre. Pour ceux des lecteurs de Libé qui l'aurait manqué, le voici grossièrement résumé, sans la puissance évocatrice du coup de crayon du talentueux caricaturiste : sous le titre «Pas de Noël pour Arafat», un Sharon muni d'un marteau et la bouche pleine de clous se tient devant une grande croix dressée sur fond de chars d'assaut. Qu'à cela ne tienne, songe-t-il, «pour Pâques il est le bienvenu».

Au moment où j'écris ces lignes, un doute affreux me ronge: et si lesdits lecteurs de Libé, en ces temps de peu de foi, s'avéraient incapables de saisir cette évangélique allusion? Pour le bénéfice, enfonçons donc le clou, si j'ose dire. Voilà. Pâques, c'est la passion du Christ. Et, de la même manière que les ancêtres de Sharon ont, jadis en Judée (mais n'était-ce déjà la Palestine?), crucifié Jésus, le Premier ministre d'Israël crucifiera Arafat, ce nouveau Christ.

J'entends d'ici le choeur des hypocrites: quoi, encore, on n'a plus le droit de critiquer Israël, comment, chaque fois qu'on n'est pas d'accord avec le gouvernement d'Israël on nous sort l'argument éculé de l'antisémitisme?! Eh oui, chers Philistins, encore et toujours, vous avez parfaitement le droit de critiquer Sharon, et tous ses ministres, et moi par-dessus le marché. Vous pouvez penser ce que vous voulez de la décision d'empêcher Arafat, le bon apôtre, de se rendre à Bethléem, le dire, l'écrire et le crier sur tous les tons. On ne s'en est d'ailleurs pas privé en Isra